Faut-il exprimer ses émotions au travail ?

Découvrez la méthode infaillible qui vous permettra de mieux exprimer vos émotions au travail.

Pas facile d’exprimer ses émotions au travail. D’une part parce qu’elles ne sont pas toujours vues d’un bon œil, de l’autre parce qu’il est souvent ardu de trouver les bons mots pour en faire part de façon appropriée. De plus, les émotions sont souvent assimilées à une perte de contrôle de soi, à un aveu de faiblesse.

Montrer ses émotions au travail, pour beaucoup de personnes c’est faire preuve de vulnérabilité alors elles préfèrent cacher leurs ressentis pour se protéger. D’ailleurs, beaucoup pensent qu’émotion et travail sont incompatibles. Pour être professionnel, elles préfèrent encaisser les situations avec impassibilité.

Cependant, les émotions, loin d’être des obstacles à la performance, peuvent en réalité en être un formidable levier au niveau de la confiance en soi. Exprimer ses émotions force même le respect dans le regard des autres. Il y a même des avantages indéniables à exprimer ses émotions car c’est un antidote au stress et au burn-out.

Dans cet article, je vous donne des stratégies pour mieux affirmer vos émotions et avoir une meilleure communication au travail.

Sommaire

Pourquoi est-ce si important d’exprimer ses émotions ?

Plus les émotions ont leur place dans vos relations et vos échanges professionnels, plus ceux-ci sont sains et agréables. Vous donnez ainsi les clés à vos collègues pour mieux comprendre la façon dont vous fonctionnez et ce qui se passe dans votre tête. 

Bien souvent, on fait des suppositions, on s’imagine que ce qu’on ressent est logique, naturel, évident et partagé par tous, alors que c’est rarement le cas. On veut entrer dans la tête des autres. Mais ce n’est pas possible. Apprendre à exprimer ses émotions permet d’éviter les suppositions et de clarifier les ressentis de chacun. Il s’agit à la fois de trouver les bons mots et le bon moment.

Les émotions ont une réelle utilité car elles aident à s’adapter au mieux à son environnement. Quand les émotions posent problème, c’est souvent que l’on a une perception biaisée de la situation ou bien une manière inadaptée ou trop coûteuse de réguler ses émotions.

Montrer ses émotions au travail est encore trop souvent mal perçu par les employeurs ou les collègues. Pourtant exprimer ses émotions présente de nombreux avantages :

  • Informer l’autre sur notre état intérieur, nos attentes vis-à-vis de la relation et notre relation à notre environnement.
  • Renforcer les comportements relationnels qui facilitent la relation et de décourager les comportements.
  • Réguler nos émotions en les considérant comme un messager utile plutôt que comme un ennemi contre lequel lutter.
  • Mieux intégrer nos évènements de vie, d’en raconter une histoire cohérente.

Comprendre et satisfaire vos besoins psychologiques

Une émotion est toujours un besoin, un besoin qui n’est pas satisfait. En effet, les émotions visent à maintenir un état d’équilibre, en alertant de l’état de satisfactions de nos besoins physiologiques essentiels, en fonction de notre perception, de nos croyances et de notre interprétation de la situation.

Par exemple si je m’effondre de tristesse en ruminant plusieurs jours après avoir reçu une critique acerbe de la part d’un collègue à propos de mon travail, cette émotion m’apporte plusieurs informations utiles à propos de mon besoin insatisfait et de ma perception et de mon interprétation de la situation :

  • Mon besoin d’être estimé, de m’estimer moi-même et d’avoir ma place dans un groupe
  •  J’accordebeaucoup d’importance aux jugements des autres, car si quelqu’un me fait un reproche, cela signifie pour moi que je suis nul et incapable. Il s’agit croyance/interprétation personnelle.
  • J’ai tendance à ruminer plusieurs jours et à me dévaloriser suite à un reproche, et à éviter ou tenter de bien faire pour « réparer » le reproche auprès de la personne.

Ces stratégies de régulation émotionnelle contribuent à dévaloriser mon estime personnelle et mon besoin d’approbation externe, il est utile de trouver d’autres stratégies au service de mes besoins d’estime.

Il ne faut jamais nier une émotion ou se couper de ses émotions. Nos émotions sont des signaux d’alerte. Elles nous renseignent sur nos besoins psychologiques. L’évitement de nos émotions désagréables nous fait passer à côté de la possibilité d’identifier le besoin menacé et d’agir pour le satisfaire.

Reconnaître nos besoins et ceux de ceux des autres réclame un entraînement. Pour développer cette capacité, à chaque émotion ressentie par soi ou autrui, il est nécessaire de se poser la question suivante : « Qu’est-ce que cette émotion dit de ce qui est important pour moi, pour lui ? »

Comment exprimer vos émotions de manière constructive au travail ?

Il existe un certain nombre de règles pour montrer ses émotions au travail :

1.Ne jamais régir à chaud. Il est préférable d’attendre que le soufflé soit retombé plutôt que de réagir à chaud. C’est aussi s’assurer que la situation s’y prête.  Un temps de pause permet de prendre du recul, de relativiser, de se mettre à la place des autres personnes concernées par la situation, et ainsi de choisir le bon endroit, le bon moment, et les bons mots pour faire part de ses émotions. 

2. Adaptez-vous à l’humeur de votre interlocuteur, aux circonstances, pour choisir le meilleur moment. Apprendre à exprimer une émotion de façon appropriée, c’est apprendre à la nommer, à la verbaliser et à l’exprimer de façon posée afin de résoudre un problème un conflit, de demander de l’aide, de désamorcer une situation. Vos interlocuteurs risquent de se braquer, de se sentir mis en accusation, envahis par vos émotions, et en fin de compte, de se mettre sur la défensive plutôt que dans l’écoute. 

3. Trouver les bons mots : Toute émotion peut être exprimée sur le lieu de travail. Que ce soit la colère, la tristesse, les peurs, ou la joie. Cependant, il y a l’art et la manière pour que ces émotions puissent être entendues par les autres et que cela contribue à mieux communiquer, interagir et travailler ensemble dans le respect. Si vous les exprimez de façon trop intense, trop agressive, vous risquez de vous exposer à une levée de boucliers. 

A ce titre, vous pourrez recourir aux principes de la Communication Non Violente (CNV). L’intérêt de cette méthode est d’aider l’autre à comprendre ce qu’on ressent, en lui exposant de façon claire et précise ses ressentis, sans accusation, et leur raison.  La CNV permet ainsi de faire part de ses émotions et d’exprimer ses besoins avec bienveillance et de façon saine. Elle suit un processus en 5 étapes :

1/ Observez les faits sans émettre de jugement. Par exemple : “je n’ai toujours pas reçu ton rapport, une semaine après la date fixée”.

2/ Exprimez les émotions et sentiments que cela suscite chez vous. Par exemple : “je suis angoissé(e) parce que j’en ai besoin pour préparer une présentation très importante”.

3/ Exprimez les besoins que cela engendre. Par exemple : “j’ai besoin que tu fournisses les documents à la date prévue”.

4/ Formulez une demande claire, précise, pour combler ce besoin. Par exemple : “peux-tu finaliser ce rapport pour demain ?”

5/ Écoutez la réponse apportée par l’autre avec bienveillance. Peut-être, par exemple, que la raison pour laquelle votre collègue n’a pas rendu ce rapport vous fera reconsidérer complètement la situation. 

Écouter et comprendre les émotions des autres et faciliter leurs expressions

Il est important d’apprendre à accueillir, décoder et prendre soin de ses propres émotions au travail. Une fois qu’on y parvient, on peut faire de la place aux émotions des autres. Il s’agit là d’une compétence essentielle de l’intelligence émotionnelle et un gage d’harmonie, de cohésion et de collaboration saine et efficace dans l’entreprise.

Pourtant, force est de constater que beaucoup de personnes et d’équipes au travail pâtissent d’une absence d’expression de leurs émotions. On ne se « dit pas » les choses. On n’ose pas s’avouer les frustrations, les colères, les jalousies, etc. Et comme personne ne dit rien, chacun se retrouve à faire des suppositions. Les non-dits s’accumulent, les malentendus apparaissent et les conflits s’installent. Tout cela mine considérablement la qualité des relations au travail qui, on le sait, constitue l’un des principaux facteurs de bien-être.

Écouter les émotions de l’autre permet de lui faire une place confortable dans la relation et de l’accepter dans sa globalité. Souvent, il est difficile d’écouter pleinement l’autre, car nous devons faire une place à sa souffrance, ce qui peut être douloureux pour nous aussi. Nous sommes ainsi tentés de proposer une solution magique comme “il suffit de ne plus y penser ou de relativiser” pour ne plus être confronté à la souffrance de l’autre.

Écouter, c’est faire de la place au vécu de l’autre, tenter de prendre la mesure de ce que l’autre vit et de comprendre sa représentation des choses, même si elle nous semble illogique ou à l’opposé de la nôtre.

La méthode E.R.I.C

Je vais vous présenter la méthode ERIC, une méthode infaillible pour exprimer ses émotions au travail. Avec cette dernière vous allez pouvoir :

  • Comprendre et satisfaire vos besoins psychologiques
  • Exprimer vos émotions de manière constructive
  • Écouter et comprendre les émotions des autres
  • Faciliter l’expression des émotions des autres au travail

1. ÉCOUTER

D’abord respirez profondément. Restez calme. Cette phase est très importante car votre collaborateur a besoin que vous accusiez réception de son émotion. C’est avant tout rester soi-même, « rester, ou revenir à soi », Attention à ne pas rester trop longtemps dans le silence.

En sachant écouter les autres, vous pouvez arriver à voir le monde comme ils le voient. Cela enrichit votre compréhension et étend votre capacité à l’empathie. Cela augmente aussi votre contact avec le monde extérieur en vous aidant à améliorer vos compétences en communication. En sachant écouter les autres, vous arrivez à un niveau de compréhension plus profond de la situation dans laquelle ils se trouvent, ce qui vous aide à trouver les mots justes et les mots que vous devez éviter. Savoir écouter n’est pas une chose facile, il vous faut faire des efforts sincères et avoir beaucoup de patience pour bien le faire, surtout dans le cas de désaccords et en particulier en situation d’agressivité.

2. RÉCAPITULER, REFORMULER

La reformulation est une étape importante et indispensable, car elle montre à l’autre qu’il est écouté et la recentre la personne sur elle-même. C’est un excellent moyen d’avancer dans la résolution d’un problème. Il ne s’agit pas uniquement de répéter les paroles que votre interlocuteur a prononcées. Vous devez faire preuve d’imagination en modifiant les mots. Supposons que votre interlocuteur vous dise :  

“Tu es un incapable, …  Tu ne comprends rien.  Tu ne comprends pas ce que je te dis…

Vous ne devez pas reformuler les paroles blessantes, les insultes, les injures. Surtout restez calme quoi que l’autre puisse dire et même si ses propos sont blessants. Ignorez les menaces ou les insultes. Cherchez plutôt à amorcer un processus de désescalade dans la violence. Votre attitude corporelle doit vous y aider, en envoyant à votre interlocuteur des signaux forts de votre volonté de coopérer avec lui.

Parlez lentement et baissez le ton de votre voix. Les émotions sont contagieuses. En baissant le ton de votre voix et en parlant plus bas, vous montrerez à votre interlocuteur que vous contrôlez la situation et que vous êtes calme. C’est d’autant plus important si la personne est en colère et si elle parle fort. Vous ne devez rien faire qui puisse aggraver la situation. 

3. INTERROGER

Le questionnement est un art redoutable pour celui qui le maîtrise et sait en tirer parti. Un art utile dans de nombreux contextes : négocier, manager et surtout améliorer ses relations avec ses collègues… Vous devez questionner pour identifier en commun des pistes de solution. Cette phase passe également par la gestion des émotions et sur votre capacité à entrer en relation avec l’autre, notamment par une communication verbale adaptée.

Questionner efficacement votre interlocuteur a pour objectif de vous permettre de comprendre le sens profond d’un besoin exprimé par l’autre :

  • Un simple « Pourquoi ? » ouvre la porte à un dialogue nourri. 
  • Un « Comment ? » lève un doute ou un malentendu. 

Ainsi, questionner vous permet surtout de glaner des informations précieuses et des confirmations. Mais attention, il s’agit de poser les bonnes questions au bon moment. Pour cela, les 2 précédentes phases, l’écoute active et la reformulation sont des alliés précieux. 

A ce stade, il faut que vous soyez attentif également à la communication non verbale de votre interlocuteur. Car le langage corporel est souvent plus parlant que les mots prononcés eux-mêmes. Les interlocuteurs réagissent sans s’en rendre compte aux messages non-verbaux pour s’évaluer mutuellement. Et surtout, sachez vous adapter, comprendre les besoins de l’autre, est la clé de tout.

4. CONFIRMER

Vous devez confirmer les points sur lesquels vous vous êtes mis d’accord, et le plan d’action défini. Quand vous faites preuve d’empathie en étant à même de faire une demande concrète ou de poser une action claire vis-à-vis de la personne, cela donne de très bons résultats.

Pour cela, il est indispensable d’être dans un rapport gagnant/gagnant afin de créer une communication sereine. Ainsi, le dialogue peut s’installer et des solutions émergées grâce à la qualité de communication et la sincérité de l’intention qui doit rester positive. Tout cela dans le respect de soi-même, de ses propres besoins et de ceux de l’interlocuteur.

Savoir exprimer ses émotions au travail est surtout acquérir un état d’esprit et une question de bon sens, mais ce n’est pas une chose facile. Pour vous aider à y parvenir, j’ai élaboré un programme spécial intitulé « comment affirmer ses émotions en toutes circonstances ». Si vous êtes intéressé par ce programme d’accompagnement complet vers l’affirmation de soi, inscrivez-vous à la liste de prévente !

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